Photos © Roody Khalil




Au-delà, janvier 2022

Une performance d’enfermement
visible de 18h à minuit
du 20/01 au  23/01/2022
à pal project - 39, rue de Grenelle 75007 Paris



Cette oeuvre a été réalisée avec la participation de :  Daou qui a composé la musique de la performance; Sabine et Philippe Boudreaux qui ont permis la construction de la scénographie; Alberto Ricci pour la mise en lumière.


Remerciements : Jean-Marie et Marylène Girault, Catherine Thieck, Lucíola Lopes Thé Franco, Jean-Philippe Marie, Pauline Hersart de La Villemarqué, Emmanuel Cohen.


  
Le magazine PAL MAG #06 qui accompagne ce projet est constitué :
- d’une interview d’Émilie Girault par Stéphane Corréard
- d’un texte de Georges Daou sur la composition de la musique de la performance
- d’un fragment d’un livre en préparation d’Arrigo Lessana
- d’un poème de Guillaume Apollinaire.
Édition bilingue fr/uk disponible sur le site de pal project.
  

Photos © Roody Khalil


“Je me souviens que, dans les années 80/90, ce bateau pneumatique servait à acheminer jusqu’à la plage tout notre barda de vacanciers. Je me souviens de mon frère avec lequel j’embarquais pour d’extraordinaires aventures sur la mer Méditerranée. Je me souviens de nos batailles navales et de nos luttes acharnées, de ma peur du grand requin blanc que les films de l’époque avaient immortalisé, et de mon profond désir de ne pas chavirer… et soudain je me retrouvais sous l’eau, le bateau retourné par mon frère se gaussant gentiment… je me souviens nos rires et nos disputes, le goût de l’eau salée, l’ardeur du soleil, le sable brûlant... puis la paix retrouvée, chacun une glace à la main, contemplant, allongés dans le bateau désormais accosté, l’incroyable scintillement de cette mer symbole de nos vacances d’été.

Et soudain 2016 et son lot de conseils, questions, explications provenant d’une ribambelle de quasi inconnus : "vous étiez procheS?"; "que s’est-il passé?"; "peut-être qu’il se droguait, on ne connaît jamais vraiment une personne tu sais"; "ça va?"; "vous étiez procheS?"; "ça va?"; "c’est dommage ça commençait à bien marcher pour toi"; "que s’est-il passé?"; "vous étiez procheS?"; "ça va?"; "ça va mieux?"; "tu sais j’ai lu que le deuil ça dure 3 ans, alors tu n’as juste qu’à serrer les dents et après ça ira mieux…"

Mais ce n’est pas une question de temps,
c’est une question de manque…
et de cet inaltérable sentiment de solitude.”
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I remember that, in the 80s and 90s, this inflatable boat was used to carry all our holiday gear to the beach. I remember my brother with whom I used to embark on extraordinary adventures on the Mediterranean Sea. I remember our naval battles and our fierce fights, my fear of the great white shark that the films of the time had immortalized, and my deep desire not to capsize... and suddenly I found myself underwater, the boat turned over by my brother laughing gently... I remember our laughter and our arguments, the taste of the salt water, the heat of the sun, the burning sand. ... and then the peace we found, each of us with an ice cream in our hand, contemplating, lying in the boat now docked, the incredible sparkle of this sea symbol of our summer vacations.
And suddenly 2016 and its batch of advices, questions, explanations coming from a bunch of almost strangers: "you were close?"; "what happened?"; "maybe he was on drugs, you never really know a person you know"; "are you ok?"; "you were close? "it's a shame it was starting to work out well for you"; "what happened?"; "you were close?"; "are you ok?"; "do you feel better?"; "you know I read that mourning lasts for 3 years, so you just have to grit your teeth and then it will get better..."
But it is not a question of time, it is a question of lack... and that unalterable feeling of loneliness.



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